Équipe de France : dans la peau d’Hugo Gallet
- RAPH
- 4 mai
- 8 min de lecture

À l’approche des championnats du monde de hockey sur glace, nous avons eu le privilège de nous entretenir avec Hugo Gallet. L’international français de 27 ans nous a accordé de son temps afin de nous fournir une interview exceptionnelle et remplie d’enseignements. De ses débuts en Finlande à l’arrivée des championnats du monde en passant par sa saison remplie de challenges , Hugo nous a partagé son vécu et son envie de représenter au mieux la France sur la scène internationale. Originaire de la ville d’Amiens, Hugo a commencé le hockey et a évolué dans cette même ville jusqu’à ses 17 ans. Dès lors, le jeune amiénois prend son envol en outre-atlantique où il jouera deux années consécutives en NAHL, aux États-Unis. Après cette courte aventure nord-américaine, Hugo Gallet prend le chemin de la Finlande pendant deux ans avant de faire un bref arrêt d’une saison à Bordeaux où il se distinguera par l’obtention du trophée Jean-Pierre Graff récompensant le meilleur
espoir de la Ligue Magnus. Suite à cette saison réussie, Gallet repart en Finlande, pays dont il tombera amoureux puisqu’il vient donc de conclure sa 8e saison sportive en Finlande.
En effet, lorsque nous lui avons demandé de décrire son expérience finlandaise, il nous a répondu ceci : « La vie est bien différente par rapport à la France.
J’ai eu du mal à m’intégrer à Turku en U20. Par la suite, j’ai découvert la gentillesse des gens lors de mon passage en Mestis (2e ligue finlandaise), un pays beaucoup plus agréable suite à cette expérience. Je pense que c’est un pays où je me vois bien habiter la-bas le reste de ma vie. Le « lifestyle » est plus détendu, hyper sécure, les gens sont beaucoup dans le respect des règles etc. C’est exactement ce qui me correspond à mon tempérament. »
Malgré une vie incomparable à la France, Hugo nous affirme qu’il a dû faire face à de nombreux challenges sportifs et personnels qui vont avec le pari de s’expatrier et de s’imposer en Finlande en tant que jeune français : « Au début, c’était très difficile, d’être tout seul, dans son appartement, les gens étaient aussi assez froids. Je pense que le plus dur a été de m’éloigner de ma famille. Depuis petit, j’ai toujours été chez mes parents jusqu’à mon départ aux États-Unis. En effet, me retrouver tout seul était dur, j’ai été obligé de m’éloigner de mes amis à cause de la distance mais aussi d’apprendre à vivre tout seul. La barrière de la langue joue beaucoup quand on arrive dans un pays inconnu, ma vie sociale était également diminuée. Quant aux challenges que j’ai pu rencontrer d’un point de vue sportif, l’exigence et la compétition sont ce qui m’a le plus marqué. C’est-à-dire que chaque jour tu dois montrer que tu veux ta place avec le rôle et le temps de jeu que tu veux. En France, on est en retard techniquement, tactiquement et physiquement. Par exemple même jusqu’à 25 ans par rapport à des jeunes de 22 ans, j’étais en retard et je savais que ce ne serait donc pas une de mes grandes forces. Les jeunes en Finlande sont
en compétitions très jeunes, les « try-outs » (essais pour intégrer des équipes) en Finlande débutent bien plus tôt qu’en France. À Amiens, il n’y avait pas de plan clair, d’obligations en fin saison, nous nous entraînions sans pour autant préparer la fin de saison. Par exemple, une anecdote que mon frère a pu me raconter est que son équipe a été sacrée championne en U16 un dimanche. Au lieu de prendre des vacances, les mêmes joueurs champions étaient sur la glace avec l’équipe U18 quelques jours après le sacre afin de déjà préparer la saison d’après. Je pense aussi qu’il y a clairement un manque de rigueur et de compétitivité entre les joueurs en France. Quant à ce qui différencie la France d’un pays de hockey comme la Finlande , je pense que la qualité de travail, la façon de construire leurs joueurs et l’homogénéité du championnat sont aussi des points essentiels qui différencient la Finlande de la France en termes de développement. » Hugo Gallet a néanmoins réussi à s’acclimater à la vie finlandaise mais avant tout à leur championnat, à tel point que l’été dernier, Hugo Gallet quitte KalPa pour rejoindre le champion 2023-2024 : Tappara. Cette signature lui a permis de prendre une toute autre envergure et d’un peu plus s’établir comme un joueur confirmé et solide en Liiga. Cependant, Hugo a vécu une saison haute en couleurs, ce dernier affirme que cette saison s’établit comme un énième challenge à surmonter : « C’était plus dur de s’adapter car il a fallu que je reconstruise mon statut avec plus de
concurrence et d’attentes par rapport aux saisons précédentes. J’ai dû gratter du temps de jeu via les différentes blessures de mes coéquipiers survenues tout au long de la saison. La fin de saison a été plus dure car j’ai malheureusement moins joué, mais ce sont les choix du coach et je les respecte. Collectivement, c’était évidemment une grosse déception de se faire sortir assez vite en playoffs en 4 matchs, par Ilves Tampere au vu de l’effectif que nous avions. Globalement, le bilan de cette saison est qu’elle a été un peu mouvementée avec du positif et du négatif. Je pense que cette dernière m’a tout de même fait grandir. Je compte bien en ressortir grandit et j’espère une plus belle suite. Je vais aussi pouvoir m’appuyer sur cette saison pour atteindre mes objectifs.
En effet, l’objectif majeur à court terme est bien entendu de gagner un titre, c’est pour cela que nous jouons et que nous travaillons dur. Pour moi, il n’y a pas de sentiment plus grand que de gagner en ayant travaillé pour cela toute sa vie. J’ai aussi pour objectif de gagner en masse du temps de jeu, de continuer à m’épanouir dans ce sport et toujours rechercher une progression. J’ai aussi des objectifs personnels quantifiés mais je préfère me concentrer sur mon jeu. Si tu me demandes à 21 ans ou à 34 ans mes objectifs, je te dirai que c’est d’avoir la meilleure version de moi-même et voir où cela
me mènera. »

En parlant d’objectifs, Hugo Gallet aura un seul objectif clair et précis à l’approche des championnats du monde : maintenir la France dans l’élite du hockey mondial. Ce dernier
nous a affirmé ceci : « L’ambition collective est de se maintenir au plus haut niveau, nous voulons faire le maximum, gagner le plus de matchs. Nous avons pas seulement la volonté
de nous maintenir, nous voulons progresser ensemble, avec une nouvelle dynamique, continuer à améliorer le rendu sur la glace,
évoluer en tant qu’équipe tout en représentant au mieux l’Équipe de France sur la scène
internationale. »
Ces objectifs seront d’autant plus,importants à accomplir afin de laisser un héritage de qualité dans ces années de transition que vit l’Équipe de France avec l’arrivée d’un nouveau coach et de jeunes qui s’incorporent parfaitement au groupe, c’est du moins ce que Gallet affirme lorsque nous lui avons demandé ce que l’arrivée de jeunes pouvait signifier au sein de cet effectif : « L’arrivée des jeunes ne changent rien, la force de l’Équipe de France c’est l’accueil des jeunes par les anciens et la façon dont nous les accompagnons. Le groupe vit bien, nous avons une très bonne ambiance.
Effectivement, avoir un nouveau coach change après 6 ans, c’est comme recommencer sur une page blanche mais je pense que cela nous apporte une nouvelle perspective dans notre carrière, ce qui peut que nous être bénéfique. » Quant à son rôle au sein de l’effectif, l’international français nous confie ceci : « Je pense avoir un rôle important dans la défense, par mon expérience et mon
ancienneté. Je ne suis pas quelqu’un qui parle énormément mais j’essaie de montrer une bonne attitude et une bonne éthique de travail tous les jours que j’essaie de transmettre. J’essaie d’aider les jeunes du mieux que je peux, de les aider à progresser et à se préparer de mieux en mieux pour les prochaines échéances comme la semaine prochaine mais aussi dans leur carrière. »
Jusque-là, nous avons également pu voir, à travers la préparation des bleus, qu’il y a une réelle progression de l’équipe en affrontant d’abord les suisses, puis les norvégiens et enfin les slovaques.
Pour Hugo, cette progression est tout sauf un simple hasard. Cette dynamique se construit et s’explique en respectant à la lettre le calendrier de préparation des bleus qui leur permettra de performer au maximum de leurs capacités du 9 au 25 mai prochain. Le défenseur de l’Équipe de France affirme qu’il est essentiel de prendre confiance petit à petit avant les championnats du monde : « La suisse est une grosse nation, nous avions beaucoup de jeunes, cela permet une bonne transition entre les jeunes qui mettent les pieds dans le niveau international et les anciens qui y remettent les pieds et qui ont eu une pause après leur saison en club. Nous étions beaucoup plus en
place face à la Norvège à Cergy. Nous avons eu une réelle prise de confiance, notamment en marquant pas mal de buts. Le planning est bon et je pense que cela va être un beau challenge pour se jauger. Ils ont eu beaucoup de succès récemment et ces confrontations vont nous permettre de peaufiner les petits détails et continuer sur une bonne dynamique débutée à Marseille. »
Alors que la préparation touche à sa fin avec la double rencontre face aux slovaques, nous avons tout de même demandé à Hugo ce à quoi ressemble une journée type d’un joueur de l’Équipe de France lors de cette préparation, quelles routines peuvent-ils avoir, etc. « Il n’y a pas vraiment de routines parce que nous sommes assez tributaires des plannings des infrastructures dans lesquelles nous allons. Typiquement, nous avons un entraînement de musculation et un entraînement glace le matin. Ensuite, il y a le retour à l’hôtel où nous prenons le repas. Personnellement, je fais une petite sieste de 20-30 mins pour « reset » à la suite du repas. L’après-midi est libre, beaucoup jouent aux jeux de cartes, j’y joue un peu, j’aime aussi faire un peu de lecture. Ces temps libres permettent de se détendre, regarder des séries, ils permettent surtout de se reposer et d’être aussi prêt pour le lendemain.
Nous profitons au plus possible des infrastructures sur place (par exemple, nous
profitons du spa et des bains froids à l’hôtel en Slovaquie). Ces temps permettent avant tout de connaître un peu plus ses coéquipiers et donc de mieux préparer les échéances. » Quant au mot qui décrirait l’état d’esprit des bleus tout au long de la préparation, Hugo a affirmé qu’il était « assez dur de choisir » avant d’affirmer qu’il qualifierait cette préparation de « dynamique, concentrée et amusante car nous sommes constamment concentrés, tout en gardant une bonne dose de fun et d’amusement. »
Enfin, Hugo Gallet nous a également confié que représenter la France sur la scène internationale constitue un enjeu de taille, aussi bien d’un point de vue personnel, sportif ou même sentimental. En effet, ce dernier nous confesse qu’il s’agit d’une véritable « fierté de représenter son pays, que ce soit pour soi-même, pour sa famille mais aussi pour ceux qui travaillent beaucoup dans leur carrière pour atteindre ce niveau-là. Cela nous permet également de se mesurer aux meilleurs sans pour autant jouer en NHL avec une ambiance particulièrement exaltante. »
L’Équipe de France aura la lourde tâche de devoir maintenir notre pays au cour de l’élite mondiale du hockey sur glace. Nous pourrons compter sur de nombreux joueurs d’expériences comme Hugo Gallet ou encore Pierre-Edouard Bellemare qui savent se mettre au service du collectif afin que tout le monde soit guider par un seul et même objectif, le maintien. Cependant, notre Équipe de France aura besoin de tout le monde, y compris des français qui supporteront Hugo et ses coéquipiers, et cela, Gallet l’a bien compris et souhaite faire passer un message fort à tous ceux qui seront derrière eux lors des championnats du monde :
« Je vous demande d’envoyer le maximum d’ondes positives, de croire en nous. Nous faisons tout pour mettre cette équipe au plus haut et nous ferons tout ce qui est possible pour vous rendre fiers. »
L’Équipe de France est prête. L’êtes-vous ?
Raphaël Dangueuger
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